samedi 8 mars 2008

ÉDUCATION AUX DROITS HUMAINS , IMPLICATION À LA VIE SOCIALE ET COMMUNAUTAIRE...Cliquez sur les images...













Dépuis mon arrivée au Canada, en Juillet 2003, j'ai eu le privilège d'animer plus de 35 conférences débats tant dans les écoles, colleges francophones que lors des colloques, sans oublier les congrès de l'Amnistie Internationale-Section canadienne Francophone.

Lors de ces rencontres , ma préoccupation a été de donner un témoignage réaliste qui démontre la situation des Droits de l'Homme dans le monde et d'aider mes interlocuteurs ( surtout jeunes du Canada ) à s'engager résolument sur la voie de la promotion et la protection des êtres humains , partout où leur dignité est bafouée et ménacée.
Je voudrais partager avec vous quelques photos de mes activités menées à travers le Québec.

DU CŒUR À L'OUVRAGE
TALENT HANGI BIN : LA PASSION DES DROITS HUMAINS
« Il n'y a pas de paix sans justice et pas de justice sans pardon », disait Jean-Paul II. Travailleur des droits humains au Congo RDC puis réfugié politique à Montréal, Talent Hangi Bin a fait sienne cette réflexion du pape.
Ce qui m'a frappé, la première fois que j'ai rencontré Talent Hangi Bin dans son très humble logement de nouvel arrivant à Montréal, c'est l'affiche posée à l'entrée du vestibule, la Charte canadienne des Droits et Libertés, placardée à hauteur des yeux.
À vrai dire, ce n'est pas vraiment étonnant de trouver la Charte ainsi mise en évidence chez ce passionné des droits humains qui a failli mourir pour les défendre trop ouvertement dans son pays, la République démocratique du Congo. Originaire de Béni, une des villes du Nord-Kivu, à l'Est du Congo, Talent a choisi de ne pas se taire devant les exactions et l'injustice dont sont victimes les populations qui vivent sous l'occupation d'armées rebelles depuis 1998. On le dit trop peu, ce conflit, qui a fait plus de quatre millions de morts, est le plus meurtrier dans le monde depuis la Seconde Guerre mondiale.
Talent faisait vivre sa famille grâce à la culture de la terre et à une petite « pharmacie » qu'il tenait avec son épouse Soki Syayighosola. Mais le plus clair de son temps, il l'a passé bénévolement comme enquêteur principal au sein de l'ASADHO (Association africaine de Défense des Droits de l'Homme), un organisme associé aux grandes organisations comme Amnistie Internationale, Agir Ensemble pour le Droit de l'Homme (France) ou l'Organisation Mondiale Contre la Torture (Suisse), qui soutiennent les associations congolaises de défense des droits humains fondamentaux. Talent a collaboré également avec le Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l'Homme (HCDH). « Je visitais et faisais libérer des prisonniers arrêtés illégalement », raconte-t-il avec une passion intacte. Il a aussi témoigné de meurtres gratuits perpétrés par des militaires, ou aidé à identifier des fosses communes dans des régions où l'impunité est quasi totale.
Comme animateur d'émissions de radio concernant les droits humains, il a dénoncé en onde les violations massives des droits de l'Homme. Parfois, quand cela devenait trop dangereux pour lui, il fournissait l'information à des stations étrangères en prenant soin d'exiger un embargo de quelques jours pour avoir le temps de disparaître en forêt ou dans une autre région loin de chez lui.
Talent Hangi Bin a été arrêté plusieurs fois et torturé - heureusement ses contacts avec les mouvements étrangers de défense des droits humains lui ont permis d'échapper à ses bourreaux. Le 28 mai 2002, tout a cependant failli basculer. Battu et torturé à la suite d'une déclaration à la Voix de l'Amérique, il parvient à s'enfuir miraculeusement en Ouganda, où il reste caché pendant 14 mois - il ne peut se montrer le jour car les rebelles qui occupent l'est de la RDC sont précisément soutenus par ce pays. Au Congo, son beau-frère est tué parce qu'il refuse de révéler où Talent se cache. Son épouse et leurs quatre enfants parviennent à s'échapper au Kenya mais ce n'est finalement qu'en septembre 2004, après 28 mois de séparation, que la famille peut enfin se retrouver au grand complet à Montréal.
« Il n'y a pas de paix sans justice et pas de justice sans pardon, dit Talent en citant le pape Jean-Paul II : bien que les autorités de mon pays m'ont fait du mal, je prie Dieu que la justice soit faite mais qu'il me donne aussi le bon cœur de leur pardonner malgré les bavures qu'ils continuent de faire. »
Loin du Nord-Kivu, Talent Hangi Bin n'en continue pas moins de vivre au rythme des soubresauts qui affectent son pays. Il participe à des émissions à la radio ou à la télévision, et donne des conférences sur les droits de l'Homme dans des écoles de Saint-Lambert, de Montréal de Saint-Hyacinthe, de Cowansville, etc. Le jeune réfugié politique n'a de cesse d'ouvrir les cœurs et les yeux. Le verbe est vif, le rire jamais loin même si Talent nous entraîne dans des situations qui appellent souvent l'indignation.
« Ce qui m'a fait tenir toutes ces années, c'est la conviction que sans le Christ, on ne peut rien, dit-il. Dieu est le premier en toute chose. Il nous a donné les Dix Commandements. Le Christ nous a aussi montré que l'essentiel est de vivre l'Amour entre nous et que l'Amour devient concret avec des actes. » Malgré le rythme assez intense de ses journées, Talent prend soin chaque jour de prier, au moins dans son cœur. C'est la prière, dit-il, qui lui a permis de lutter pour réclamer justice ou sauver la vie de personnes en danger : « Je prie pour les victimes, que Dieu leur donne la force, et qu'il me la donne aussi. Chaque matin, j'invoque aussi l'esprit de saint Joseph, et je lui demande de m'aider à faire le bien chaque fois que j'en aurai l'occasion. »
Actuellement, Talent étudie en Sciences sociales et en Droit à l'université de Montréal : « Comme défenseur des droits de l'Homme, il faut que j'en sache le plus possible sur les systèmes juridiques, les Constitutions, les accords ou traités internationaux, etc. J'espère un jour retourner au pays pour travailler comme avocat auprès des victimes ». En attendant, il n'exclut pas l'idée de défendre les droits humains dans d'autres pays qui ont soif d'un État de droit, de justice et d'une paix durable. Le Congolais de souche ne le cache pas : son rêve est de trouver un réel emploi dans le domaine des droits humains ou humanitaires.
Mais en attendant, entre les études et les cinq enfants - car la famille s'est agrandie -, il lui faut nouer les deux bouts en prenant tous les petits boulots qui passent - quitte à travailler dans les fermes en été ou planter des arbres en Abitibi s'il le faut ! Avis à tous : Talent se cherche une vraie job, l'indispensable passeport, le « sésame » qui lui permettraient d'ouvrir les portes du monde du travail. Et qui sait ? parfois dans la vie, l'engagement et l'expérience valent bien plus que n'importe quel cv ! ©EQm
Talent Hangi Bin

Source: http://www.en-quete.net/index.php?no=10&page=23&pr=10