samedi 4 avril 2009

CONFÉRENCE SUR DROITS DE L'HOMME ET DÉVELOPPEMENT











Animation d'une conférence portant sur les droits de l'homme et le Développement:
Cas de la Communauté Nande au Nord-Kivu au Congo-Kinshasa.








Organisations Partenaires de l'évenement:
- ASADHO section Beni-RDC,
- FOMEKA Mahero/Butembo
- FOMEKA Paroisse Christ Roi de Tamende-Beni
- KYAGHANDA Beni
Animateurs:
-Talent BIN HANGI en visite officielle en RD Congo
-Jean -Baptiste MUHINDO, Secrétaire Financier FOMEKA Mahero/Butembo
LIEU et Date:Ville de BENI, Nord Kivu , RD Congo , le 23 Janvier 2009

dimanche 29 mars 2009

LIBERTÉ D’EXPRESSION EN AFRIQUE




15/05/2008. TAM-TAM CANADA ÉMISSION SPÉCIALE SUR LA LIBERTÉ D'EXPRESSION

Regards sur la liberté d'expression à travers différentes voix dont certaines en ont été victimes directement ou indirectement. Abdoulaye Cissoko, journaliste mauritanien, Angèle Bassolé, originaire du Burkina Faso, fondatrice et directrice générale de la première maison d'édition africaine francophone à Ottawa : Les Éditions Malaïka, Ferdinand Mayega, journaliste camerounais, et Talent Bin Hangi, originaire de la République démocratique du Congo et défenseur des droits de la personne. Quatre voix pour la liberté d'expression.
source: Radio Canada International

CAMPAGNE POUR LE RESPECT DES DROITS HUMAINS EN CHINE







Mr Talent BIN HANGI animant une conférence à l'École Secondaire St Joseph de St Hyacinthe, au Québec sur le respect des Droits et Libertés en Chine à la veille de la tenue des JEUX OLYMPIQUES.






Initiative de l'Amnistie internationale, section Canada francophone .

DÉCÈS DE MAMAN SOKI NDULANI SYAYIGHOSOLA (EPOUSE DE TALENT)

MAMAN SOKI NDULANI SYAYIGHOSOLA Décédée le 27 Septembre 2008 à l’hôpital Italien Santa Cabrini de Montréal



« Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra même s’il meurt; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais; jean 11 (25-26) ».






BRÈVE PRÉSENTATION DE LA DÉFUNTE


Aînée de huit enfants de Papa Henri M. SYAYIGHOSOLA et Maman Bernadette K. MBAFUMOJA, Maman Soki est née le 11 Mars 1981 à Béni dans le Nord Kivu en République Démocratique du Congo.

Après des études en techniques infirmières, maman Soki a brièvement travaillé à l’hôpital Général de Béni avant de quitter le Congo pour rejoindre son mari forcé de quitter le Congo à cause de son activisme pour les droits humains.

Unie depuis 1998 par le mariage civil avec Monsieur HANGI Bin Talent, activiste bien connu des droits de l’homme, Maman Soki a été poussée à l’exil par l’insécurité et les menaces à l’Est du Congo.

Arrivée à Montréal le 23 septembre 2004 avec ses enfants, le couple a célébré son mariage religieux à la Paroisse St Laurent en août 2005, par le Curé Père Pierre Dufour.

Déterminée et ayant foi à l’avenir, Maman Soki n’a ménagé aucun effort pour travailler et contribuer au bonheur de sa famille. Malgré sa lourde tâche comme mère de famille, elle venait de reprendre des études dans le domaine de la santé.

Maman Soki était socialement engagée dans son milieu au niveau de la paroisse, de la communauté congolaise de Montréal et de l’Association culturelle Nande du Canada dont elle était administratrice.
Ceux qui l’ont côtoyée se rappelleront d’une belle et jeune Maman plein de qualité : accueillante, serviable, toujours souriante, bien intégrée dans son milieu et très attachée aux valeurs chrétiennes. Elle était notamment choriste dans la chorale de la Paroisse Saint Sixte et la Chorale catholique congolaise Maendeleo.

Décédée à la suite d’une hémorragie interne liée à une fausse couche, Maman Soki laisse dans le deuil son Mari Hangi Bin Talent et ses 6 enfants (4 filles et 2 Garçons) âgés de 3 à 17 ans.
Que son âme repose en paix.

PROGRAMME DES FUNÉRAILLES
Vendredi le 3/Octobre/2008
14H-22H : Exposition du corps et exhortation
Samedi le 4/Octobre/2008
10H-12H : Exposition du corps et exhortation
13H-14H : Messe d’action de grâce et témoignages
14H00-15h30 : Inhumation
15h30-18H30 : Bain de consolation

ADRESSES ET ITINÉRAIRES
Salon Funéraire
Complexe Funéraire Fortin (514-386-9771)
12 295 Boulevard Laurentien
Métro Cote Vertu, Autobus 64

- De l’autoroute 40 (Métropolitaine)
- Prener la Sortie Marcel Laurin
- Continuer sur Marcel Laurin qui deviendra Laurentienne
- De Laurentienne jusqu’au croisement de Gouin Ouest

Paroisse Catholique St Laurent(514-747-7311)
805, Avenue Sainte-Croix, St Laurent
Metro Du Collège (Sortie Du Collège)

Du salon funéraire à l’église
- Prener le boulevard laurentien vers le sud / Marcel Laurin
- Tourner à gauche sur Édouard Laurin (juste après Côte Vertu)
- Tourner à droite sur Décarie
- Tourner à gauche sur de l’Église jusqu’au fond.
De l’autoroute 40 ou de l’autoroute 15 vers l’église
- De la 40 : Sortie 67 Boulevard Marcel Laurin
- De la 15 : Sortie Décarie via Marcel Laurin
- Continuer sur Décarie Nord jusqu’à la rue de l’Église
- Tourner à droite sur de l’Église jusqu’au fond.

Pour tout contact : Appelez Vianney 514-603-5462 ou Papa Georges 514-355-7676

Des fleurs sur la neige


«On va aller voir maman?» Aller voir maman pour Talent et ses six enfants, cela veut dire aller au cimetière Saint-Laurent. Les enfants aiment s'y rendre. Ils s'y sentent apaisés. Ils savent, comme le leur a dit leur père, que Maman Soki dort là, sous la neige.
Talent y est allé cette semaine encore pour déposer des fleurs sur la tombe de Soki, sa femme décédée le 29 septembre d'une hémorragie intra-abdominale à la suite d'une fausse couche. Elle n'avait que 27 ans.
Au début de l'automne, je vous avais raconté la tragique histoire de cette famille de réfugiés congolais. Si tragique que, dans un film, on aurait dit que c'est trop. Trop tragique pour être réaliste.
Mais la vie est souvent trop. Talent le sait mieux que quiconque. Près de trois mois après le décès inattendu de sa femme, il se demande encore parfois si tout ça est vrai, s'il ne s'est pas retrouvé là par erreur, perdu dans un scénario trop triste. Il tutoie la tragédie depuis longtemps. Il était militant des droits de l'homme au Congo. Un pays miné par un conflit qui a fauché plus de cinq millions de personnes en 10 ans.
Activiste courageux, Talent a survécu à la torture et à des tentatives d'assassinat. Il avait rencontré Soki à l'hôpital. Elle était infirmière. Il était l'enquêteur principal de l'Association africaine de défense des droits de l'homme. Elle l'aidait à prendre des photos des blessés. De l'horreur, une histoire d'amour est née.
Quand Talent a dû s'exiler, Soki l'a suivi. Après une longue fuite, il a pu se réfugier ici, à Montréal, en juillet 2003. Soki l'a rejoint un an plus tard, avec leurs cinq enfants. Dans ce pays en paix, ils travaillaient fort pour reconstruire leur vie. Ils avaient foi en l'avenir. Leur sixième enfant, Valérie, est née ici. Ils se disaient qu'ici, tout était possible. Tout était possible, mais pas ça. Pas mourir à 27 ans à la suite d'une fausse couche.

«On va aller voir maman?»
Au bout de sa fuite, Talent en était là, la veille de Noël, à déposer des fleurs sur la neige en priant et en rêvant de printemps. Ses enfants ont insisté pour y aller. Ils tenaient à fêter Noël avec Soki. «Malgré son absence physique, elle est avec nous», dit Talent. En quittant le cimetière, la petite Valérie, qui a les yeux tendres de sa mère, a dit: «Au revoir maman».
Ce qui réconforte Talent dans tout son malheur? Vous. Vous tous qui à la lecture de ses malheurs avez tenu à l'aider. Il insiste pour vous remercier. Certains ont envoyé des chèques, d'autres des vêtements, des meubles, des bons petits plats ou des paniers d'épicerie. Certains ont mobilisé leurs collègues, les gens de leur quartier pour amasser du pain, de l'argent, des cadeaux. Des élèves de l'école secondaire Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe où Talent prononce chaque année une conférence sur les droits de l'homme ont travaillé d'arrache-pied avec leurs parents et leurs professeurs pour offrir à Talent et à ses enfants un Noël heureux malgré tout. Ils ont sonné à sa porte un samedi matin, ont décoré son appartement, ont monté un arbre de Noël, ont déposé des cadeaux à ses pieds.
Talent n'avait jamais rien vu de tel. «Je suis chanceux dans mon malheur, dit-il. Si seulement cette solidarité pouvait essuyer tout mon malheur, si elle pouvait ramener Soki...»
Sans tous ces gens généreux, Talent ne sait pas comment il aurait pu survivre. Dépassé par le labyrinthe bureaucratique qu'il lui faut traverser pour obtenir le minimum pour vivre, il vit essentiellement de charité pour le moment. La mort de sa femme l'a obligé à laisser tomber son travail de reforestation dans le Lac-Saint-Jean pour s'occuper de la famille. Avec cinq enfants qui fréquentent deux écoles et une garderie différentes, son quotidien est un marathon épuisant. Il a trois « équipes » à préparer chaque matin. Souvent, il ne dort presque pas, car Valérie pleure la nuit depuis la mort de sa mère. Elle s'endort souvent épuisée à 3 h du matin. Pour lui faciliter la vie, Talent souhaiterait que ses enfants d'âge scolaire soient au moins regroupés dans la même école. À la commission scolaire, on a promis de trouver une solution. Talent attend.
Avec tout ça, de boîtes vocales en boîtes vocales, de «salutations distinguées» en «on va vous rappeler», Talent espère trouver un travail dans son quartier, à Anjou, qui convienne à son horaire de fou. En attendant, il guette la boîte à lettres. Il attend encore la rente d'orphelin pour ses enfants. Pendant ce temps, les factures s'accumulent. Il doit encore plus de 2000 $ juste pour la pierre tombale de sa femme. Ses relevés de cartes de crédit pour toute une vie achetée à crédit dans l'espoir de jours meilleurs traînent sur la table. Le pire, dit-il, c'est quand il reçoit une lettre adressée au nom de sa femme, que ce soit pour une facture à payer ou une lettre pour lui demander si elle compte s'inscrire à un autre cours de français. Rien ne lui fait plus mal. Les ennuis financiers ne sont rien à côté du vide laissé par sa bien-aimée.
Dans ses moments de découragement, Talent se dit qu'il serait mieux mort, auprès d'elle. Et puis, il pense à ses enfants. Vous devriez les voir. Jeanne-d'Arc, Magali, Médard, Neige, Eusèbe et Valérie. Le regard vif, beaux comme des coeurs. Il y a une promesse dans leur regard.
Le 24 au soir, tirés à quatre épingles, les enfants de Soki et de Talent ont servi la messe de Noël à l'église Saint-Laurent. Après, ils sont rentrés sagement à la maison, se sont réunis autour du sapin. Talent n'avait pas la force de fêter. Plutôt que d'aller à la messe de minuit comme il en avait l'habitude, il est allé se coucher.
Il espère que l'année 2009 sera plus douce. On l'espère aussi. Allez, prends soin de toi, Talent. Courage. Que tes enfants aux yeux brillants te guident vers des jours plus heureux. Ils sauront, j'en suis sûre, faire pousser des fleurs sur la neige.


SOURCE: Rima ElkouriLa Presse ,

Morte des suites d'une fausse couche: beaucoup de questions, peu de réponses


En septembre, une femme de 27 ans est morte à l'hôpital Santa Cabrini (Montréal) au bout de son sang, des suites d'une fausse couche. Depuis, son mari, qui se retrouve seul à la tête d'une famille de six enfants, tente non sans mal d'obtenir des réponses à ses questions.
Le médecin ayant démissionné, l'hôpital Santa Cabrini dit ne plus avoir «l'autorité nécessaire pour traiter (le) dossier» de Soki Syayighosola, morte dans cet établissement en septembre.

C'est par lettre que l'hôpital Santa Cabrini en a informé le conjoint de Mme Syayighosola, Talent Bin Hangi.
Soki Syayighosola a succombé à une hémorragie intra-abdominale consécutive à une fausse couche.
Depuis, Talent Bin Hangi se pose des questions. Beaucoup de questions. «Je me demande si ma femme a été soignée convenablement. J'étais au chevet de ma femme entre 5h et 7h du matin. Elle était aux soins intensifs, mais pendant ces deux heures-là, je n'ai pas vu de médecin. Seulement des infirmières. Deux heures plus tard, Soki sombrait dans le coma.»
En entrevue téléphonique, Bruno Petrucci, directeur général intérimaire de l'hôpital Santa Cabrini, signale que la démission du médecin - dont il ne dévoile pas le nom, ni à La Presse ni à la famille de la défunte patiente - a été entérinée il y a deux semaines par le conseil d'administration de l'hôpital.
M. Petrucci, qui dit ne pas se souvenir à quel moment a d'abord été présentée la démission, indique que le médecin est parti parce qu'il espérait avoir plus de temps en salle d'opération, ce que l'hôpital n'était pas en mesure de lui promettre.
Bien que la lettre envoyée à Talent Bin Hangi laisse entendre que l'hôpital s'en remet maintenant entièrement au Collège des médecins pour la suite des choses, M. Petrucci note qu'une enquête est bel et bien menée à l'hôpital même.
Le parcours de la combattante
Clinique d'urgence, clinique privée, hôpitaux: la mort de Mme Syayighosola a été précédée d'un long parcours de la combattante pour tenter d'être soulagée de saignements et de malaises qui ne la lâchaient pas.
À la mi-juin, Mme Syayighosola subit un curetage à l'Hôpital juif de Montréal, rendu nécessaire par une fausse couche. Dans les jours qui suivent, elle ne se sent pas bien. Elle retourne à l'Hôpital juif, où on la rassure sur son état. En août, la revoilà prise de saignements. Elle téléphone de nouveau à l'Hôpital juif, où elle obtient un rendez-vous pour le 29 septembre.
C'est trop loin. Incapable de prendre un rendez-vous plus tôt avec son propre médecin, elle se rend à deux reprises dans une clinique d'urgence, puis dans une clinique privée et apprend en cours de route qu'elle est enceinte. De jumeaux.
«J'ai l'impression que ma femme n'a pas eu droit non plus à un suivi adéquat de la part de son médecin à l'Hôpital juif», croit Talent Bin Hangi.
Le 26 septembre, Mme Syayighosola, au plus mal, fait venir chez elle une ambulance. Direction Santa Cabrini, où elle arrive vers 16h. Dans la matinée du 27 septembre, Mme Syayighosola meurt, laissant derrière elle son conjoint, les quatre enfants qu'ils ont eus ensemble et les deux autres qu'ils ont adoptés, une démarche que M. Talent, militant pour les droits humains dans son Congo natal, jugeait aussi importante que sa femme.
Mutisme
M. Talent s'étonne du mutisme des hôpitaux jusqu'ici. Il est quand même rare, au Québec, qu'une femme meure des suites d'une grossesse, dit-il. «J'ai d'ailleurs été étonné de l'entête de la lettre que m'a fait parvenir l'Hôpital juif. La lettre qui m'est adressée commence par «Madame»», fait-il remarquer, preuve à l'appui.
Dans la lettre, on signale aussi à M. Talent qu'«une fois l'enquête est (sic) terminée», l'hôpital communiquera de nouveau avec lui. «Nous excusons (sic) pour le délai», peut-on encore lire à propos du délai statutaire de 45 jours largement dépassé.
L'Hôpital juif n'a pas rappelé La Presse.
Une enquête du Bureau du syndic du Collège des médecins a été entreprise et vise à déterminer si le médecin - dont le nom, dans ce document, est indiqué - qui a traité Mme Syayighosola à l'hôpital Santa Cabrini a agi dans les règles.


SOURCE : Louise Leduc , La Presse ,


À la mémoire de Soki






L'image me hante. Une fillette de 3 ans, belle à croquer avec ses petites tresses et son regard angélique, qui dit de sa voix douce: «Je veux maman.» Autour d'elle, des yeux rougis, des larmes étouffées, un silence lourd. Comment dire à une enfant de 3 ans que sa maman ne reviendra pas, ne reviendra plus?

Sa maman s'appelle Soki Syayighosola. Elle est morte samedi dernier d'une hémorragie interne liée à une fausse couche. Elle n'avait que 27 ans. Elle laisse dans le deuil son mari, Talent Bin Hangi, et six enfants âgés de 3 à 17 ans.

Dans le cadre d'un reportage sur l'immigration en février, je vous avais raconté l'histoire de Soki et de son mari, Talent, militant des droits de l'homme au Congo, qui a survécu à la torture et à des tentatives d'assassinat. Une histoire de héros poussés à l'exil qui tentaient avec courage et dignité de recommencer leur vie à Montréal.

Infirmière de formation, Soki espérait pouvoir devenir aide-infirmière ici. Pour y arriver, elle devait d'abord suivre des cours de français et d'anglais. Avec six enfants à nourrir et un mari qui travaille de longues heures, ce n'était pas si simple. L'été, elle et Jeanne-d'Arc, sa fille aînée adoptée, s'éreintaient comme cueilleuses sur des fermes dans des conditions difficiles. Soki se disait que, dans cinq ans tout au plus, tout irait pour le mieux.

Je la revois, épuisée et souriante, rentrant de son cours un soir de février. «C'est un pays pour les femmes, ici», disait-elle à son mari. Elle espérait un jour subvenir elle-même aux besoins de la famille. Dans son logement trop petit et trop cher, en attendant de trouver un HLM, Soki rêvait d'une maison chaleureuse où elle verrait grandir ses enfants.

L'histoire de Talent et de Soki avait touché bien des lecteurs, qui avaient proposé de leur venir en aide. Mais Soki ne voulait déranger personne. «Dans notre culture, il ne faut jamais afficher sa souffrance, dit Talent. Même celui qui a une blessure au pied s'efforce de marcher droit.»

Profondément chrétiens, Talent et Soki vivaient ainsi. Talent, qui rêvait de devenir avocat, avait mis de côté ses ambitions pour travailler d'arrache-pied dans le fin fond de la forêt au Lac-Saint-Jean, au nord de Dolbeau, à faire du débroussaillage. Il était là-bas, à plus de six heures de route de Montréal, quand Soki l'a appelé dans la nuit de ce vendredi rouge sang. Elle avait appelé l'ambulance dans l'après-midi. Elle était à l'hôpital. Elle qui ne se plaignait jamais lui a dit: «Viens, Talent, ça ne va pas.»

«Tout va bien aller, tout va bien aller. Ne pleure pas.» Talent, inconsolable, répète ces mots que Soki lui a dits avant que tout se mette à dérailler samedi à l'aube, avant qu'elle ne meure au bout de son sang. «Tout va bien aller, tout va bien aller.» Comme si, jusqu'au bout, elle s'était efforcée de marcher droit, de ne déranger personne.

Talent est assis dans l'obscurité de son salon, le sac à main de Soki à ses pieds. Une photo d'elle le jour de son mariage trône au-dessus de la télé. Il raconte en retenant ses larmes que la prof de français de sa femme, inquiète de ne pas la voir, a appelé à la maison. «Est-ce que Soki va venir à son cours aujourd'hui?»

Les funérailles de Soki ont lieu aujourd'hui à 13h, à l'église Saint-Laurent. On y rappellera des souvenirs heureux, ces jours où ça sentait l'espoir, le poisson frit et le plantain. Comme cette veillée du Nouvel An chez les amis Laurent et Louise, en Estrie. «Leurs six enfants sont allés dehors avec les nôtres pour savourer des guimauves grillées sur un brasero. Émerveillements! À l'intérieur, Soki avait ouvert le foyer: elle plaçait à main nue des patates dans les bûches - et les reprenait vite, «parce que si tu ne te dépêches pas, un autre va te les prendre», disait-elle dans un sourire, en racontant comment on fêtait le Nouvel An au Congo.»

On se souviendra de la douce et belle Soki dansant dans les bras de Talent le jour de la première communion de leurs deux garçons. «Le couple dansait yeux dans les yeux, plein d'admiration l'un pour l'autre et confiant en l'avenir», raconte Anne-Marie Yvon, réalisatrice à Radio-Canada International (que Talent écoutait au Congo), qui avait assisté à la fête au mois d'avril. «J'ai mis cette séquence à pause pour toujours dans ma mémoire».

On se souviendra de Soki comme d'une «maman courage». «Soki était pour Talent son pilier, sa motivation à ne pas se décourager même quand c'est difficile d'être immigré et qu'il faut tout recommencer à zéro, note leur ami Guy Bérubé. Il comptait sur elle et il l'aimait intensément. Souhaitons que Soki soutienne toute sa famille de là-haut, au paradis, et que les enfants trouvent en Talent le même papa courage.»
On se souviendra de sa bonne humeur, même dans les moments difficiles, de sa manière de sourire, de sa voix douce où perçaient quand même du courage et de la détermination, souligne le professeur et écrivain Pierre Nepveu, qui s'était lié d'amitié avec la famille après que Talent eut suivi son cours de poésie québécoise. «On ne pouvait pas ne pas l'aimer et ne pas admirer sa force tranquille, sans colère, sans agressivité. Et pourtant, elle aurait eu bien des raisons de s'indigner. Et on le sait maintenant, son sourire cachait bien du stress et bien des souffrances...»
Maman courage, on vous salue.

Courriel: Pour joindre notre chroniqueuse: rima.elkouri@lapresse.ca

SOURCE: http://www.cyberpresse.ca/opinions/chroniqueurs/rima-elkouri/200810/04/01-26367-a-la-memoire-de-soki.phphttp://www.cyberpresse.ca/opinions/chroniqueurs/rima-elkouri/200810/04/01-26367-a-la-memoire-de-soki.php